dimanche 13 mai 2007

Le minimalisme dans l'art et dans la musique (2)

Introduction et I. 1. Terme

I. 2. Relations personnelles


Outre leur nom, on peut aussi remarquer les relations personnelles entre les compositeurs et les artistes : par exemple, Young s’est marié avec Marian Zazeela, peintre, calligraphe, artiste de la lumière. Ils ont créé ensemble un endroit nommé « Dream House ». C’est un espace où sont réunies la musique de Young et la lumière de Zazeela, toutes les deux subtilement changeantes.

Young a travaillé aussi avec le sculpteur minimaliste Robert Morris. Par exemple, en 1961, une sculpture de Morris, Column (Exemple 22) a été présentée sur une musique de Young.

Exemple 22 : Robert Morris, Column, 1961
Aluminium peint, 240 x 60 x 60 cm

Un autre exemple qui témoigne de la coopération des artistes et les musiciens est Pendulum Music de Steve Reich. C’est une pièce qui demande quatre interprètes, et lors d’une exécution en 1969, trois d'entre eux étaient des minimalistes des arts visuels, notamment Richard Serra (2). De plus, ce concert a été donné dans un musée, en l’occurrence, au Whitney Museum of American Art à New York.

Ce n’est pas un cas isolé. En fait, il faut savoir que la musique minimaliste a été très mal accueillie à ses débuts par le monde musical américain conservateur. Ils ont donc eu du mal à trouver des salles de concert et des interprètes. Le secours est venu du monde des beaux-arts. Les musées et les galeries organisaient avec plaisir des concerts de la musique minimaliste, et ils ont souvent parrainé les enregistrements des premiers disques de jeunes compositeurs minimalistes. Et parfois, les artistes offraient volontiers leur loft personnel. C’est ainsi qu’a vu le jour Music with Changing Parts de Philip Glass dont la première a eu lieu dans le loft de Donald Judd en 1973.

Parmi ces compositeurs, Glass semble avoir le plus de liens personnels avec les artistes d’autres domaines. Par exemple, Chuck Close a fait ses portraits (Exemple 5), Maplethorpe l’a photographié plusieurs fois (Exemple 6), Sol LeWitt a dessiné ses pochettes de disque (Exemple 7).

Exemple 5 : Chuck Close, Phil, 1969
Polymère synthétique sur toile, 274,3 x 213,4 cm
Whiteney Museum of American Art, New York

Exemple 6 : Robert Mapplethorpe, Philip Glass, 1983

Exemple 7 : Pochettes de disque pour Music in Twelve Parts (1971-74) de Philip Glass,
dessinées par Sol LeWitt, 1974

Glass, de sa part, a fait beaucoup de musique pour le théâtre, la danse et le film. Notamment, la collaboration étroite de Glass et de Robert Wilson a donné la naissance au premier opéra minimaliste, Einstein on the Beach (1976). Wilson est un metteur en scène par définition, mais qui travaille toujours sur la base des dessins et qui a une forte tendance minimaliste. Ses pièces théâtrales n’ont pas d’histoires narratives, les décors sont souvent des formes géométriques à couleur unie, et la lumière joue un rôle important, les personnages bougent extrêmement lentement ou ils répètent le même geste.

Pour cet opéra qui n’a pas d’intrigue, ni de livret, Glass déclare qu’il a composé la musique en s’inspirant des dessins de Wilson. Et Wilson, à son tour, après avoir écouté la musique de Glass, a retouché ses dessins. En 1984, à l’occasion de la reprise de l’opéra, Wilson a dit :
Notre opéra est le plus facile de tous les opéras. Vous n’avez pas besoin de penser à l’histoire, car elle n’existe pas. Vous n’avez pas besoin d’écouter les mots, car ils ne signifient rien. Je ne vous donne pas un puzzle à résoudre, mais seulement des tableaux à écouter. Vous allez à notre opéra comme si vous alliez dans un musée. Vous appréciez la couleur de la pomme, la ligne de la robe, l’éclat de la lumière. Vous allez au parc, vous regardez le paysage qui comprend des personnes en mouvement et les sons changeants. Observez les nuages passer. Regardez la musique. Écoutez les tableaux. (3)
Par cette citation, on aperçoit que l’opéra était conçu non comme drame narratif, mais comme une exposition des tableaux avec la musique.


(2) Il faut reconnaître que l’exécution de Pendulum Music ne demande pas de quelconque virtuosité instrumentale. Il s’agit de faire osciller des microphones pendus.
(3) K. R. Schwarz, Minimalists, p. 135.



I. 3. Histoire
II. 1. Simplicité et répétition
II. 2. Planéité
II. 3. Infinité
II. 4. Public
Bibliographie

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